4ème dimanche de Pâques (C)
Abbé Jean Compazieu | 1 mai 2022Avec le Christ ressuscité,
éveillons-nous au dynamisme de l’Église naissante
Homélie
Textes bibliques : Lire
En ce dimanche, le Christ se présente à nous comme le « berger de toute humanité ». Cette bonne nouvelle ne concerne pas que les croyants fidèles. Elle est pour tous les hommes et femmes du monde entier. La première lecture nous montre une communauté qui risquait de se replier sur elle-même. Avec Paul et Barnabé, l’Évangile serra annoncé au monde païen. Ils ont compris que le Christ est la « Lumière des nations » et le « Sauveur de tous les peuples ».
Dans la seconde lecture, les pasteurs ne sont pas évoqués. Mais ils font partie de cette foule immense dont nous parle l’Apocalypse. Nous y découvrons que même dans les pires catastrophes, le mal n’aura pas le dernier mot. Jésus nous est présenté comme l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Et ce qui est merveilleux ce qu’il veut nous associer tous à sa victoire. Saint Jean nous parle d’une foule de toutes races et de toutes nations. Après les persécutions, les souffrances, la faim et les pleurs, ils connaissent la joie d’être avec Dieu.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus se présente à nous comme le “bon berger” qui connaît parfaitement chacune de ses brebis. Une précision s’impose précisément sur le sens du verbe connaître : dans le monde de la Bible, cela ne signifie pas que l’on a des renseignements sur la personne (son nom, son âge, le lieu où elle habite…) Quand Jésus nous dit qu’il connaît ses brebis, cela signifie qu’il les aime. Il voit les points faibles de chacune et il prend soin d’elles. Son amour est tellement immense qu’il va jusqu’à donner sa vie pour elles.
Devant tant d’amour, nous nous sentons bien misérables. Nous découvrons que nous ne connaissons pas vraiment le Seigneur. Les moyens de formation sur la Bible sont de plus en plus à la portée de tous. Et pourtant, nous sommes dans un monde où l’ignorance religieuse est de plus en plus grande. Les propos du pape sont passés à la loupe et tournés en dérision par des médias totalement étrangers à la foi. A travers lui, c’est le Christ qui est rejeté. C’est sa parole qu’on refuse d’entendre. Mais pour l’Église, l’important ce n’est pas de faire croire mais de témoigner de cet amour passionné du Christ qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
“Mes brebis écoutent ma voix”. Cet appel à écouter le Seigneur, nous le retrouvons tout au long de la Bible. Le Christ a repris cet appel : “Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu”. Alors oui, nous pouvons demander au Seigneur qu’il nous apprenne à écouter son message d’amour pour qu’il imprègne vraiment toute notre vie. C’est son regard plein d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même.
C’est en écoutant la voix du Seigneur que nous apprendrons à mieux le “connaître”. Ce verbe, nous devons le comprendre au sens de “naître avec”. Pour cela, il nous faut le fréquenter, lui donner du temps, vivre avec lui. C’est ainsi que Jésus est venu vivre avec les hommes. Il s’est fait l’un de nous, en tout semblable à ses frères hormis le péché. En lui c’est Dieu qui se fait proche des hommes. Il partage notre vie parce qu’il nous aime. Nous le connaîtrons vraiment quand nous accepterons d’être pris dans son courant d’amour. Encore une fois, il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle mais d’une connaissance amoureuse.
Tout cela nous conduit à une troisième attitude : Les brebis suivent leur berger. Suivre le Seigneur, c’est faire route avec lui. Nous pouvons lui faire confiance car il nous conduit sur le chemin de la vraie vie : C’est ce que Pierre a répondu un jour à Jésus : “Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle.”
Ce que Jésus veut nous offrir, c’est une vie de bonheur sans fin. Pensons au père du fils prodigue. Ce dernier demande sa part d’héritage. Il n’a pas compris que son Père avait prévu de tout lui donner. Alors n’hésitons pas à tout demander au Seigneur, la plénitude de son amour et de sa présence.
Cette journée des vocations nous rappelle que le Christ veut nous associer tous à sa mission de « Berger de toute humanité ». Nous pensons aux prêtres, religieux et religieuses, aux catéchistes, aux animateurs des divers groupes mais aussi à tous les baptisés. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes, pour “sauver notre âme” mais pour travailler avec le Christ qui veut sauver le monde. Personne ne doit rester sur la touche. Le Seigneur attend de nous que nous donnions le meilleur de nous-mêmes la nous sommes.
En célébrant cette eucharistie, nous nous tournons vers celui qui a échangé sa vie contre notre salut. Nous lui rendons grâce pour cette espérance et cette joie qui est en nous. Qu’il nous donne d’en être les porteurs et les messagers tout au long de notre vie.
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Dans l’ancien Moyen Orient, le terme ‘berger’ est souvent utilisé pour désigner les leaders, en particulier les rois, guides et responsables du peuple. Dans la Bible, la figure du ‘Berger’ désigne Dieu qui prend soin de son peuple. « Le Seigneur est mon berger : Je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, Il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. » (Ps 22:1-3) Jésus reprend à son compte cette image traditionnelle en proclamant : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10:11) À cela, Jésus ajoute : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » (Jn 10:27) Une belle complicité entre Celui qui parle et ceux qui écoutent. Le ‘Bon Pasteur’ connaît parfaitement chacune de ses brebis. Il les soigne avec affection. Et ses brebis Le suivent en toute confiance. Une belle image du lien privilégié qui nous unit à Dieu.
Après la Résurrection, l’œuvre rédemptrice du Christ continue. Pour cela, Jésus avait confié à Pierre la gouvernance de son Église. « Sois le berger de mes brebis. » (Jn 21:17) Aujourd’hui, ses proches collaborateurs sont-ils prêts à mener à bien cette belle mission ? Hélas, un certain nombre de prêtres sans idéal sacerdotal restera longtemps une plaie vive de l’Église. Déjà, le Concile de Trente a révélé cette triste situation : « Les uns n’embrassent l’état ecclésiastique que pour avoir de quoi subsister ; ils ne cherchent que le gain en s’y engageant, comme font la plupart de ceux qui embrassent les métiers les plus bas et les plus vils… D’autres sont conduits au sacerdoce par l’ambition et le désir des honneurs. Il en est enfin qui ne recherchent les ordres que pour s’enrichir ; et ce qui en est la preuve, c’est qu’ils ne pensent point à recevoir aucun des ordres sacrés, tant qu’on ne leur offre point quelque riche bénéfice. Ce sont ceux-là que Notre-Seigneur appelle des mercenaires, et dont Ézéchiel disait qu’ils se paissent eux-mêmes et non leurs brebis. La honte et le dérèglement de leur conduite a déshonoré l’état ecclésiastique aux yeux des fidèles, qui le regardent presque maintenant comme l’état le plus vil et le plus méprisable. Aussi ne tirent-ils point d’autre fruit de leur sacerdoce, que celui que tira Judas de son apostolat, c’est-à-dire leur perte éternelle. » (Catéchisme du Concile de Trente) Un dur constat !
Le dimanche du ‘Bon Pasteur’ est consacré à la prière pour la vocation sacerdotale. L’Église a besoin d’ouvriers pour la moisson et le Seigneur appelle ! « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Lc 10:2) Dieu a besoin des âmes généreuses qui consacrent leur vie pour que l’Évangile soit transmis. Une mission d’évangélisation et d’accompagnement. L’Église en marche ne peut rester vivante que grâce au dévouement désintéressé des personnes qui se donnent à plein temps et à plein cœur aux services des autres. Une paroisse ne peut fonctionner s’il n’y a pas des prêtres pour présider l’Eucharistie permettant à l’assemblée de se ressourcer. Une vie de renoncements et de sacrifices. Cette forme particulière d’apostolat n’est pas de tout repos. Et la mission n’est pas facile à assumer. Un engagement qui coûte ! Un ‘Oui’ courageux à l’appel du Seigneur. Prions pour ces consacrés dont l’Église a besoin. Prions pour qu’ils remplissent leur mission avec passion et générosité. Que Dieu les bénisse et les éclaire !
La vocation sacerdotale est un appel particulier de Dieu, mais saint Ignace élargit cette notion en qualifiant ‘vocation divine’ l’appel adressé personnellement à chacun. Un appel que tout baptisé doit s’efforcer de discerner et de rejoindre par une bonne disposition. Le service de Dieu nous concerne tous. L’Église a besoin des bénévoles qui consacrent leur temps aux différents services. Des chrétiens qui prêtent l’oreille à la voix du Seigneur et répondent à son appel. Une paroisse ne peut tenir que grâce à des personnes dévouées qui la rendent dynamique. Il y a mille-et-une façon de le faire, c’est à nous de trouver notre propre vocation, notre propre voie. À chacun sa vocation ! Dieu nous invite à nous engager pour une cause en y investissant le meilleur de nous-mêmes, selon nos capacités, pour que la foi soit vivante. Sur ce vaste terrain de don de soi, tout service est bon pour la communauté, autant dans des tâches matérielles que dans le domaine intellectuel ou religieux. Que le Seigneur nous aide à nous lancer avec courage sur ce chemin de service. Qu’il nous aide à bien discerner son appel et y répondre avec l’énergie du cœur.
‘Dieu m’a créé pour un service précis ; il m’a confié un travail qu’il n’a confié à personne d’autre. Je suis d’une certaine manière nécessaire à ses plans. J’ai un rôle à jouer dans son grand ouvrage. Je suis un chaînon, un lien entre des personnes. Il ne m’a pas créé pour rien. Je mettrai donc ma confiance en lui. Qui que je sois, où que je sois, je remplirai mon rôle.’ (Cardinal John Henry Newman)
Nguyễn Thế Cường Jacques
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J’ai peur de dire ‘Oui’, Seigneur. Où m’emmèneras-tu ? J’ai peur de tirer la paille la plus longue. J’ai peur de signer au bas de la feuille blanche. J’ai peur du ‘Oui’ qui réclame d’autres ‘Oui’.
Et pourtant, je ne suis pas en paix. Tu me poursuis, Seigneur, tu me cernes de partout. Je cherche le bruit car je crains de t’entendre, mais tu te glisses dans un silence. Je m’enfuis de la route car je t’ai aperçu. Mais au bout du sentier tu m’attends quand j’arrive…
Mais j’ai peur de dire ‘Oui’, Seigneur. J’ai peur de te donner la main, tu la gardes en la tienne. J’ai peur de rencontrer ton regard, tu es un séducteur… Je suis captif, mais je me débats, et je combats en me sachant vaincu. Car tu es le plus fort, Seigneur, tu possèdes le monde et Tu me le dérobes.
Aide-moi à dire ‘Oui’.
Prière de Michel Quoist